Manifeste d'un littéraire
Est-ce qu'être littéraire est une malédiction...?
En quelque sorte, car hantés par Emma Bovary, Aliocha Karamazov, nous considérons la vie comme un livre. Le problème est que nous ne vivons pas, nous espérons de vivre, car nous souhaitons être des Julien Sorel, des Katow, tout en étant effrayé de devenir Rastignac ou de finir comme Werther...
Nous sommes des Paul et Virginie, voir des Daphnis recherchant sa Chloé, mais nous voulons un peu être des Valmont et des Merteuil, philosophant dans le boudoir...
Nous nous demandons si, dans le train, nous ne sommes pas à côté d'une Thérèse Desqueroux.
Déclamant que "je" n'est pas nous, nous recherchons cet autre ; et nous avons fait du Spleen notre idéal.
Certes, nous avons des références, des modèles de vie. Mais vivons-nous vraiment ? Sommes-nous nous-mêmes, ou bien passons-nous notre vie à essayer de devenir les personnages dont nous avons lu les histoires ?
C'est ça être littéraire. Mais c'est aussi indescriptible. Il faut l'être pour le comprendre et le ressentir.
On nous prend pour des farfelus car ce à quoi nous nous consacrons n'a pas d'application dans le réel... Certains maugréent, disant que cela ne sert à rien... peut-être.
La littérature ne sert peut-être à rien, mais au moins, elle rend plus humain. (J.M.)